AU MUSEE DES CURIOSITES

A deux pas du Chemin de Compostelle reliant NANTES à SAINT- JEAN- D'ANGELY.

Dans le château de COLLONGES-SUR- L'AUTIZE sur la cheminée venant du château de LOUIS D'ESTISSAC

Un bien curieux blason

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Dans l'ouvrage intitulé les "DEMEURES PHILOSOPHALES" qu'il dédie à la science alchimique, l'alchimiste écrivain, connu sous le nom énigmatique de FULCANELLI, consacre un chapitre à ce curieux blason.

En préalable Fulcanelli attire l'attention du lecteur sur le panneau situé à gauche de la cheminée qui porte l'enseigne et notamment sur les deux coquilles du genre peigne, ou "mérelles de Compostelle" dont Fulcanelli dit qu'elles sont représentatives d'une partie de l'œuvre alchimique. Un de nos vieux dictionnaires encyclopédiques mentionne la relation "mérelle" "marelle".

Ce jeu, bien connu des enfants, peut prendre plusieurs formes. Celle en rectangle n'est pas sans analogie avec le plan géométral des grandes églises romanes et gothiques. Celle en carré rappelle le drapeau anglais connu sous le nom "d'Union Jack" symbole des royaumes qui composent l'Angleterre actuelle (voir la symbolique des croix et des couleurs attachées à cet emblème). Celle en labyrinthe ou plus exactement celle qui affecte la forme d'un escargot (coquille, cagouille, Elix...) le maître gaster (ventre) de RABELAIS... n'est pas sans rappeler le cheminement initiatique autour du point central toujours vu d'un endroit diffèrent et d'un degré d'élévation spirituelle à chaque pas plus élevé. Le jeu de marelle (du grec maré la main et de élé, la main lumière) qui joue avec les nombres joue aussi à faire passer le joueur par l'Enfer et le Purgatoire avant de lui permettre d'entrer au Paradis. Divine Comédie que ce jeu d'enfant, divine marche que cette marche vers Compostelle qui compte autant de jours que de chapitres au livre de DANTE qui va lui aussi de l'Enfer au Paradis.

Fulcanelli indique encore dans plusieurs de ses ouvrages que la "merelle de Compostelle" sert à désigner le principe mercure encore appelé "voyageur" ou "pèlerin". Elle est, dit-il, portée par tous ceux qui entreprennent le travail (alchimique) et cherchent à obtenir l'étoile (compos stella). Tous les alchimistes, ajoute-t-il, en sont là à leur début. Il leur faut accomplir, avec le bourdon (en grec baxteria, rabdos, le bâton d'Hermès) pour guide et la mérelle (du grec méter et élé, la mère de la lumière) pour enseigne, ce long et dangereux parcours dont une moitié est terrestre et l'autre maritime. Pèlerins d'abord, pilotes ensuite.

Il n'est pas inutile de s'arrêter un instant sur la coquille qui se dit en grec "kogxé", "Kogxos" et "kogxilion", de savoir qu'on en a tiré le pourpre par calcination et que c'est aussi le nom de la cavité interne de l'oreille. N'est ce pas pour cela que la partie supérieure des porches d'églises "qui sont fait pour des yeux qui entendent" se nomment "tympans" et qu'il ne s'agit pas là de vulgaire audition? L'aspect rayonnant du petit "pecten" aux deux parties opposées n'est pas sans évoquer l'X des moustaches du chat dont on connaît la capacité à voir la nuit ainsi que la grande sensibilité au rayonnent magnétique. "X" symbole de la lumière qui se concentre et du rayonnement qui se diffuse. Coquille d'où naît au monde Vénus la belle déesse...

Selon Fulcanelli le signe mystérieux qui couvre la table d'attente de l'écu de la cheminée serait un paradigme complet de l'œuvre alchimique. C'est là une voie que nous laisserons à nos lecteurs le soin de suivre s'ils se sentent l'âme assez forte pour tenter de percer le secret des vieux grimoires.

Ce signe étrange qui porte le nom de "Quatre de Chiffre" nous l'avons recontré à plusieurs reprises lors de notre pérégrination vers Compostelle. Bien qu'on le trouve fréquemment dans les marques de libraires Fulcanelli récuse, sans doute ici à juste titre, l'origine corporative de ce motif. Pour notre part, originaire de l'Est de la France nous en connaissons de nombreux en Alsace et en Lorraine toujours associés à de vieilles et sans doute riches maisons. Il est toujours constitué comme ici dans le blason de Louis d'Estissac par une forme de "chiffre 4" plus ou moins agrémentée de divers motifs ornementaux :

 Comme Fulcanelli nous pensons que sa mention sur la cheminée de Louis d'Estissac n'est pas à rechercher dans une origine corporative. Par contre nous sommes fondés à penser que son origine doit être recherchée dans l'ancienne "maçonnerie de marque" d'où semble-t-il sont issus et le Compagnonnage et la Franc-Maçonnerie moderne.

En effet le tracé de cet emblème appartient sans doute possible à la géométrie des anciens bâtisseurs de l'antiquité depuis l'Egypte jusqu'à nos jours. Cette géométrie particulière fondée sur un usage autant technique que spirituel de tracés élémentaires est certainement à l'origine des grands temples anciens comme de nos récentes cathédrales.

Ces tracés qui ont pour figures mères le cercle, le triangle (première figure inscriptible dans le cercle), la croix (par redoublement du triangle) et le carré forment ce qu'en architecture on nomme "les tracés régulateurs". Ils peuvent aller de représentations simples à des représentations d'une très grande complexité où la quadrature du cercle trouve sa résolution graphique (ce qui ne veut pas dire résolution mathématique) avec un très grand degré de précision. Dans ces tracés que certains ont dit "de lumière" où n'entre pas l'once d'un calcul il n'y a que jeu d'enfant pour qui sait se servir d'une "règle et d'un compas" ou d'un cordeau.

On nous pardonnera volontiers d'avoir voilé certains des tracés présentés ici. "Mise sur la voie" (initium) n'est pas divulgation et moins encore - même si le temps n'est plus des "amours murmurants" - trahison du serment des anciens de ne jamais écrire, dessiner, graver ou buriner en clair les secrets du métier.

Nous montrerons néanmoins ce qui nous parait être un lien d'évidence entre ces tracés et le blason du château d'Estissac. Sur cette image dont le tracé régulateur a été réalisé à l'aide d'un petit programme Basic et d'un Pocket Computer PC-1500 de marque SHARP on verra une quadrature complète sur laquelle nous avons superposé la "Marque d'Estissac". Nous ne saurions trop recommander aux curieux de procéder à la décomposition de cette marque en ses composés élémentaires selon la symbolique propre aux marques :

. Le trait vertical est généralement le symbole de l'unicité divine. Il indique la circulation entre le bas et le haut et réciproquement, le nord, le sud, le zénith, le nadir. C'est donc un axe, c'est une voie. C'est aussi le fil à plomb. C'est encore le bâton, le bourdon du pèlerin...

. Le trait horizontal symbolise le monde. C'est également la balance. Mais il indique aussi le degré d'élévation de la matière vers l'esprit. C'est la direction dans le plan matériel de l'occident à l'orient...

. Faut-il voir dans le petit trait vertical situé sur la base du 4 l'indication d'une route interdite? Nous sommes à l'époque de la domination arabe sur la mère commune? N'est-ce pas aussi l'indication du creuset toujours marqué par une croix.. lieu de l'union de Dieu et du monde...?

. Le triangle symbolise la Sainte Trinité et son hypoténuse la Règle... L'intersection du vertical et de l'horizontal... est liée au secret... L'angle droit symbolise la droiture ainsi que la fidélité de l'affilié...

Enfin nous attirerons sans autre commentaire l'attention sur un autre aspect de cette marque qui peut ouvrir de nombreuses perspectives aux "Amoureux de l'Art".

CONCLUSION : Tous ceux qui ont parcouru le Chemin de Compostelle dite aussi Voie des Etoiles où se voit tout à loisir le "grand si(cy)gne" savent que cette route est "si(cy)gnée" en de nombreux endroits. Ces signes sont pour beaucoup d'entre-eux d'origine corporative. Mais nous venons de voir que ces signes peuvent recouvrir d'autres appartenances, d'autres traditions. Nous sommes sûrs que de nombreux échanges entre fraternités "philosophiques" se sont fait sur cette route.

Louis d'Estissac a peut-être été l'un de nos confrères en cheminement et nous le pensons en initiation - les deux lettres "I M" qui couvrent la marque en témoignent assez ainsi que l'enlacement de l'équerre et du compas situé à son pied.

"I" est une colonne, l'unité... "M" représente une double colonne relié par l'architrave, mais, le V qui relie les deux colonnes représente aussi le signe d'Ariès... qui se distingue d'Arès... C'est aussi celui du vin... matière et esprit... le vent ou le van. L'unité qui s'incarne dans le monde forme le deux. Ensemble 1 et 2 forment le trois... trois composé de 2 et de 1... Lettres initiales qui voilent en dévoilant...

Si nous pensons juste nous sommes en droit de nous interroger de savoir ce qu'il est allé chercher en terre espagnole et ce qu'il en a ramené?

Frères en curiosité cherchez et vous trouverez... peut-être? Si vous ne vous laissez pas abuser par les productions de ce traître alambic dont le graphisme se trouve placé au pied de la marque de Louis d'Estissac.

Se pourrait-il que la réponse "en vérité" se soit cachée dans ce "bijou maçonnique" et dans un examen approfondi de la "graphie" des cartes "géo-graphiques" que nous présentons.

Bien d'autres lectures pourraient être faîtes autour de ce blason... il ne dépend que du lecteur de poursuivre ce que nous avons commencé. Pour être charitables... une dernière illustration... à rapprocher des Chemins de Compostelle "voir".