La majuscule est là en marque de respect pour un lieu qui est rendu "saint" par les millions d'hommes et de femmes qui sont passés par là avant nous; pour tous ceux - maillons innombrables "de la chaîne des vivants et des morts" ou comme le disent les Compagnons "de la chaîne qui unit tous les cœurs" - qui nous suivront. Qui ont cheminé et qui chemineront encore portés par la foi, par l'espérance d'un monde meilleur, par le désir d'une humanité plus fraternelle, par d'autres attentes qui leur appartiennent et que nous pressentons sans les connaître parce que d'une certaine manière nous avons cheminé avec eux. Cheminants plutôt que pèlerins parce que ce dernier mot emporte avec lui une connotation religieuse réductrice au regard de l'universalisme des Chemins et de la diversité des cheminements. Pourtant pas une église, pas un cloître, pas un hospice civil qui ne porte la marque des Compagnons bâtisseurs, des sociétés hermétiques de philosophes et d'alchimistes, des templiers et hospitaliers et de bien d'autres qui ont alimenté la réflexion morale, politique, philosophique, spirituelle de nos devanciers et la nôtre. Cheminants plutôt que pèlerins parce que chacun d'entre-nous ou presque part cheminant, sans trop savoir pourquoi il part… peut-être arrivant au terme, s'étant mieux compris, devient-on pèlerin? Mais de quel pèlerinage s'agit-il? La réponse à cette question se trouve pour chacun d'entre-nous sur le Chemin en cheminant. Mais a-t-on toujours une réponse? Pas sûr! A l'arrivé, tout fier de nos 1800 ou 2000 et quelques kilomètres, face à un Saint Jacques que plusieurs d'entre-nous ont trouvé hilare nous n'avons pas eu de réponse mais plutôt une bonne question… "Et alors?"… Et alors?…. Il faut rentrer … et depuis pour chacun la route continue.